La symbolique des arcanes Vers 1240, les sculpteurs de la cathédrale de Chartres nous laissaient déjà des oeuvres présageant de ce que sera le tarot, et, des graphismes dont visiblement les imagiers du tarot se sont inspirés. Cette notion de pèlerinage de l’ âme, depuis son incarnation jusqu’à sa libération, a beaucoup inspiré les mystiques et chercheurs de vérité du moyen- âge. La codification des étapes de ce “pèlerinage” est ancienne. Le tarot n’étant qu’un succédané modernisé à la fin du XIVème siècle de cette antique tradition. De nombreux historiens et analystes du tarot se refusent à établir tout lien entre la brutale apparition “ex nihilo” des naà¯bis en Italie du nord en 1375/77 et la civilisation du moyen- âge. La raison en est probablement le chaînon manquant. Ces analystes de type universitaire ont besoin de traces écrites irréfutables. C’est à la fois leur grandeur et leur faiblesse. Leur grandeur car rien n’est avancé sans preuve, et leur faiblesse car dans le cas d’une tradition orale, il n’y a pas d’écrits. Ils se coupent donc de toute la richesse d’être relié à une tradition. Il semble important de passer outre ces modes opératoires des universitaires ou assimilés, et de présenter des options et légendes. Ce sont le graphisme et les thèmes de l’imagerie qui font les liens. Ces liens mènent vers les compagnons, imagiers des cathédrales, les tailleurs de pierre, les troubadours et trouvères, les fidèles d’amour. Vers toute cette culture sacrée de ce moyen- âge, qui longtemps passa pour une époque sombre, et qui nous laissa des merveilles de beauté et de technologie inégalables. Avec le tarot, c’est l’ âme du peuple du roman qui nous est ouverte. Ce peuple que l’inquisition pourchassa pendant près de quatre siècles pour en tenter l’éradication et dont les “cagots” ont été parmi les derniers représentants. Les 22 arcanes majeurs du Tarot décrivent d’une manière codée le chemin de vie d’un individu, de son incarnation à sa libération. C’est une carte de géographie qui décrit l’itinéraire intérieur de l’être au travers des cinq phases de l’existence : enfance, apprentissage, compagnonnage, maîtrise et sagesse. Chaque arcane représente une étape sur le chemin de vie, un stade de réalisation. En les examinant l’une après l’autre, dans l’ordre et par groupement de quatre avec à leur tête leur “ouvreur de porte”, chacun pourra ressentir en lui l’énergie particulière dégagée par ces images. Il pourra “jouer à se souvenir”. Il se dira “moi aussi, je suis passé par là”. Au bout du compte, peut-être comprendra-t-il que le Tarot raconte l’histoire de sa propre vie. Voilà l’enseignement que les Anciens, maîtres imagiers et bâtisseurs du roman, puis des cathédrales médiévales, ont voulu confier à un jeu de cartes avant de disparaître définitivement. C’est donc un jeu d’argent avec sa règle qui s’est installé en une traînée de poudre dans les bistrots de l’Europe entière. Ce fut une bouteille à la mer, une connaissance transmise, en aveugle, aux générations futures, à toutes fins utiles. Parce que le support était modeste, parce que le jeu permettait de gagner de l’argent, parce qu’il faisait parler les images et non les mots et pour encore d’autres raisons sans doute, le message s’est transmis jusqu’à nous. Vous trouverez en accompagnement de ce texte le tarot de Jean Dodal, (Lyon c.1701). Ils sont, avec celui de Jean Noblet (Paris c.1650), les plus vieux tarots dits de Marseille que la tradition nous ait conservés. Les images racontent. Ecoutons-les ! Cliquez sur les images pour découvrir leur symbolique