Le compagnon Re-né et l’illumination. Cette image a été publiée (entre autre) en 1888 par Camille Flammarion dans L’atmosphère: météorologie populaire, avec en sous titre : un missionnaire du moyen âge raconte qu’il avait trouvé le point où le ciel et la Terre se touchent. Elle fut utilisée par le compagnonnage légendée ainsi : Le compagnon “Re-né”, initié passant de son vivant dans l’autre monde à de la réalité. Gravure sur bois, elle est datée selon les uns ou les autres du mi 16ème siècle, fin 16ème, fin 18ème, et même fin 19ème. À ma connaissance, cette gravure est la seule et dernière représentation de ce qui, finalement fait un des buts essentiel du compagnonnage et de toute la spiritualité du moyen âge : le passage de son vivant dans l’autre monde de la réalité. Passé la fin du XVIème siècle, il semble que les enseignements et les chemins qui mènent à cette expérience soient perdus et que le tarot n’en garde que la souvenance. Ce passage, qui faisait du compagnon, un maître “passant”, est représenté dans le tarot par la “Maison Dieu“. De quel passage s’agit-il? Le premier lieu autour du quel notre conscience organise son “da-sein” (“être là au monde”), est le corps. La sensation physique devient le principe organisateur de l’ego. Puis, avec les chocs, les traumatismes divers et la pression sociale, la conscience entre dans l’émotionnel et son “être là au monde” commence à se débattre dans l’action/réaction aux stimuli extérieurs. C’est le deuxième lieu de conscience sur le chemin pèlerinage de l’âme. Enfin, lorsque la mémoire et les énergies profondes du corps ont été réveillées, au cours des différentes initiations, la conscience s’arrache du monde des manipulations de l’émotionnel et entre, au cours d’une expérience dite d’ “illumination” dans le monde de “percevoir”. A partir de ce moment, l’être est relié au monde qui l’entoure. Il quitte le monde de ses illusions et commence à se voir tel que les autres le voient. Moment douloureux où la conscience se trouve le cul entre deux chaises. Les anciens fonctionnements sont devenus obsolètes, et les nouveaux encore inconnus. C’est le troisième lieu de conscience : percevoir. Cette expérience transformante ressemble fort à une NDE, (expérience proche de la mort), mais à cette différence près que la conscience accompagne le processus et est placée dans la situation de l’observateur/observant. Dans cette expérience, la conscience s’échappe du corps, est comme “aspirée” dans une spirale d’expansion où elle devient d’abord pleinement perceptive de son corps, puis de son environnement proche, puis de son village ou de son quartier, puis de sa région, puis de son pays, puis de son continent, puis de la planète terre entière, puis de la galaxie, et tout d’un coup, entre dans un cercle de lumière blanche de fusion avec le divin, sans être en confusion. La conscience est alors à la source des temps, elle perçoit la ronde des galaxies et l’ensemble des modes d’incarnation de l’énergie principielle. Elle perçoit les mondes incarnés sur l’élément feu, terre, air. C’est alors, parce que l’heure de se fondre définitivement dans cette lumière n’est pas venu, la conscience est rejetée de ce monde blanc et surfe sur la vague d’incarnation de notre monde, construit sur l’élément eau, et retrouve l’ici et maintenant de son corps. Ce bain dans la lumière blanche l’a transformée, et elle en revient avec deux cadeaux : la peur de la mort a disparue et une confiance grandissante en son inconscient s’installe. Le volume “d’humain-trop-humain” restant à nettoyer glisse en dessous de la barre fatidique des 50% et le lent cheminement vers la sagesse peut commencer. Dans le quotidien du compagnon Re-né de nouvelles responsabilités arrivent.