Panorama général de la situation politique à l’époque des origines du tarot

Lettre à Kris Hadar, 12 04 2001 Bonjour Kris, C’est un vaste panorama des origines culturelles du tarot que tu me proposes. Si tu permets, je vais quelque peu l’enrichir. Il y a un fait extrêmement important, si l’on veut comprendre le renouveau qui brutalement saisit l’ensemble de l’Europe a partir du VIIII ème siècle. Il s’agit d’un phénomène climatique. Pour simplifier, vers l’an 800, la température augmente sur l’Europe, du nord au sud. Et ce, de manière rapide et très importante puisque ce réchauffement a été jusqu’à +1,5° de plus que la référence 0 qui est 1900. Pour aujourd’hui, nous sommes à +0,7° de plus et tu voies bien tous les cataclysmes qu’on nous annonce : remontée des eaux, déplacements de populations….. Cela signifie quoi! Cela signifie que la Norvège avait le climat actuel de la Bretagne. Cela signifie que sur les bords de la Loire, on avait le climat de la Provence, avec deux récoltes de légumes par an! quant à la Provence, elle avait le climat de l’Afrique du nord! Brutalement, les populations se sont mises à croître de manière exponentielle, et, avec des populations industrieuses et maritimes, le commerce est reparti de manière générale sur l’Europe. Et l’enrichissement aussi. Ce fut un réveil de la civilisation d’une brutalité, et d’une vigueur exceptionnelle. La corporation des forgerons fait fortune dans les armes. Et l’Esprit, dont la résidence principale est en Orient, est venu passer quelques temps de vacances dans sa résidence secondaire de l’Europe. Tout s’est réactivé, y compris le vieux fond culturel magique et chamanique celte, pré celte et proto historique. La vieille science de la terre, de la wouïvre, toujours souterraine dans les périodes sombres, s’est mise à fleurir. Avec Saint Bernard, elle s’est mise officiellement au goût du jour, le roman s’épanouit. Et c’est une nouvelle ruée de l’occident sur le moyen orient. La mer se couvre de voiles, et les hordes terrestres déferlent. Les victoires et les royaumes francs d’orient s’installent. Pillage général, logistique, et on pose la puissance. Tout de suite, le commerce et la banque! Notre puissante marine fait merveille. Avec les sécheresses du sud, et la florissante agriculture du nord, les rapports de puissance antérieurs ont basculé. Avec les flux financiers générés par les nouveaux royaumes d’orient, le nord surpeuplé comme actuellement la Hollande, commerçant et maritime à drainé la plus grosse part du gâteau. Avec l’organisation géopolitique de l’Europe impérialiste de cette époque, il fallait un bras armé et une banque : l’Ordre des pauvres chevaliers du Christ. Tout est en place, je crois pour le drame! Avec le contact de l’orient, les idées nouvelles circulent, les bibliothèques islamiques s’ouvrent, les mathématiques progressent, les cultures s’enrichissent l’une l’autre. Et se modifient. Les Templiers passent à l’action, et financent le programme immobilier des “Notre Dame”. La terre est à l’image du ciel. Les “Notre Dame” incarneront celle alliance de la terre et du ciel; elles reproduiront sur terre la constellation céleste de la Vierge. Elles seront les machines, les creusets de la transformation spirituelle des populations. Dans le bain énergétique généré par ces ahurissants bâtiments, il y a de “l’envoûtement”. Au sens propre comme au figuré. Au sens propre, c’est l’élancement des voûtes, leur effet de forme et leur gestion de l’énergie issue de la terre qui provoque cette ouverture du coeur sur le pèlerin. Au sens figuré, car il ont confié ces machines à l’administration des religieux. Ces merveilleux “athanors de l’être”, ces creusets alchymiques de la TRANSMUTATION de l’être, ont été dévoyés par des mains avides dans une manipulation “envoûtante” de l’émotionnel. Une magie noire. On est loin de Saint Bernard et de ses petites églises romanes, dont la conception énergétique et architecturale était destinée à relier le corps de l’homme à la terre, à le faire baigner dans l’effluve de la “Terre Mère”, la “toujours Vierge”. Celle qui sans cesse est vieille de ses engendrements, et neuve de son instant, sans cesse mouvant. Les Templiers ont oeuvré d’orgueil! Vouloir transformer, de fait, avec des machines issues de la science sacrée toute une population, car le programme des “Notre Dame” devait être étendu et mailler l’ensemble des territoires sous contrôle, était de l’ubris. De la démesure. Cette ubris des Templiers, avec les dernières cathédrales aux quelles ils aient participé financièrement et techniquement, ils la metteront dans la pierre de Beauvais (72m sous voûte.), Cologne et York. Des gabarits de salle de spectacle de 8000 à 12000 personnes bien tassées. La magie du lieu, un bon rituel d’échauffement, (les transes menées dans une cathédrale, par un évéque ont duré jusqu’en 1327), et tu glisses vite de l’expérience d’union au divin à une vulgaire manipulation de l’émotionnel collectif. Les Templiers ont joué avec le feu en mettant à discrétion du clergé séculier des instruments de cette puissance. Tant que les rituels étaient dirigés par des hommes de connaissance, l’intention de base était respectée, la machine correctement utilisée. Et l’Esprit a décidé que sa partie de campagne était finie, que ça sentait l’automne, et que de passer l’hiver au sud de l’Inde lui ferait le plus grand bien. Comme il faut régler quelques petits problèmes avant le départ, le froid arrive, la “micro ère glacière”, est à son apogée sous Louis XIV avec -0,7° et les loups jusqu’en Bretagne, il abandonne tous les projets en cours et laisse les Templiers se débrouiller avec leur démesure. Ils ont joué avec le feu, tant pis s’ils se brûlent avec l’allumette. Avec le départ de l’Esprit, il ne reste plus que la lettre. Chartres est terminée en 1247, après seulement 20 ans de travaux, la croisade contre les Albigeois est enclenchée en 1248. Les Templiers, et c’est là leur deuxième crime, ne s’opposeront pas à cette “croisade”, alors que leur position aurait été déterminante. L’inquisition gothique se met en action contre l’archaïque roman. Les Templiers se lavent les mains et ferment les yeux. Pourquoi le roman s’est-il préservé dans toute cette partie du grand sud ouest? Un des éléments de réponse est le sang 0-. Il y a correspondance de la zone de dispertion du sang 0- et celle de la permanence du roman. Or ce sang, est celui des Basques. Un peuple non indoeuropéen, survivant, dans son âme et ses coutumes de l’âge d’or. Un peuple chanteur, bien dans son corps et relié à la terre et à ses montagnes. On trouve encore des chiffres significatifs de ce sang jusqu’aux bords de la loire, mais pas audessus. Tout le grand sud ouest est imprégné, avec des densités majoritaires dans les Pyrénées. Le roman avait ses fraternités de constructeurs et d’imagiers. Parmi eux, des Poitevins, de nombreux poitevins, bien organisés et intervenant partout au gré des chantiers. Quand la résistance militaire et politique des “romans”, représentée par le Conte de Toulouse, fut détruite, c’est sur l’ensemble du territoire que s’élevérent les bûchers et les sacrifices humains. Tout et partout, ce qui de près ou de loin était issu de la vieille science sacrée sentait le souffre et relevait du bûcher! Les gens du roman, trop connus ou facilement reconnaissables par leur profession, durent se planquer ou émigrer. Certains poitevins qui le firent, allèrent en orient, au nord ouest de Damas, chez le roi de Cilicie, un poitevin comme eux, un Lusignan. Loin des bûchers de l’inquisition, ils trouvèrent un monde oriental chrétien ou les francs étaient nombreux et au pouvoir. Ce petit royaume avait la particularité d’avoir comme indigènes des populations principalement originaires d’Amnénie, donc chrétiennes de longue date. Pas d’ennemi intérieur lié à la religion. Des montagnes, tout autour, de riches vallées bien arrosées, Lusignan avait été mis en place lors de la croisade de Frédéric Barberousse et Richard Coeur de Lion. C’était un féal du Saint Empire Romain Germanique. Dans les fraternités émigrées, des maçons, des tailleurs de pierre, des sculpteurs et dessinateurs, en plus en ambiance orientale, les transmissions traditionnelles se sont maintenues au grand jour, de maître à compagnon et apprenti. On était loin de l’Europe, ils évoluèrent en fonction de cette nouvelle contrée et s’adaptèrent. Ils firent de l’image religieuse et de la miniature, toujours en tant que support de la connaissance. Quand les Mameluks mirent fin à l’indépendance de ce royaume de la Petite Arménie, en 1375, il fallut partir ou s’islamiser. C’est en Lombardie où ils vinrent s’installer et rejoindre la diaspora. Quant aux romans restés en France, il se cachèrent, formèrent des communautés sédentaires. On les retrouve dans le sud ouest sous le nom de “cagots”. Ils vivaient à l’extérieur des villages en tribus, marqués de la patte d’oie, cousue sur leur habit. Leur spécialité était la médecine et la charpente. Leur talent et leur science du trait étaient tels, que tous les princes du sud ouest les ont toujours protégés car c’étaient les seuls capables de réparer la toiture de leurs châteaux et de jeter des ponts. Ils furent victimes d’un terrible ostracisme, car ils devaient faire peur! On en avait besoin, donc on ne les tuait pas, mais on en avait la trouille, alors on ne veut pas les voir. Petit à petit, ils furent victime de consanguinité, de l’exclusion et disparurent au début du XVIIIè, fondus dans le reste de la population. Avec l’intégration des cagots, ce furent les derniers enseignements de la science sacrée dispensée traditionnellement qui cessèrent. C’est bien un génocide qui eût lieu, mais bien plus large que le simple ravage et le carnage des barons du nord sur le sud, c’est à la dimension de l’Europe entière que se sont dressés les bûchers. C’est le peuple de l’Esprit qui a été détruit. Nous sommes en réchauffement. Peut-être que l’Esprit aura la bonne idée de se rappeller qu’il a une résidence secondaire chez nous? Les compagnons du devoir ont toujours dit, et le disent encore, que la “cavale” est le chemin de connaissance. A l’arcane XXI Le Jugement, dans le coin gauche de ton tarot, ce devrait être un taureau, c’est un cheval. C’est une signature traditionnelle. Elle signifie simplement : ces dessins sont la “cavale”, le chemin de connaissance. Quant au graphisme des épées, je ne suis pas assez documenté en armes de cette époque pour les dater. Je suis dans une petite cité médiévale, et vais demander à des spécialistes leur avis. 1250 marque le début des méfais de l’inquisition et celui ou l’émigration des cerveaux à commencé, vers l’Italie, le Portugal et l’orient. Le gros de la vague étant après l’arrestation des Templiers en 1307. Que nos imagiers immigrés aient conservé l’image des épées de leur époque me semble intéressante. A bientôt, amicalement JC